On entend beaucoup parler du wokisme, mais à quoi cela correspond précisément ?
Votre livre s’intitule « De la déconstruction au wokisme », le premier est-il l’origine du second ?
Le wokisme est-il vraiment un nouveau mouvement sachant, par exemple, que le déboulonnage des statues avait déjà eu lieu bien avant l’invention du terme ?
Le réel existe avant qu’un mot ne le résume. Et un mot ne fait pas le réel. Mais il participe à la bataille idéologique en cours, qui est aussi une bataille des mots, à imposer ou à réfuter. Il est intéressant de noter que les détracteurs l’utilisent souvent, car ils perçoivent qu’ils marquent ainsi des points dans cette bataille idéologique. Pour la raison inverse, ceux que l’on peut définir comme « woke » tentent souvent de nier l’existence du wokisme, car le terme est devenu péjoratif.
Pourquoi utiliser les préfixes « néo » ou « post » ?
Si on prend le féminisme comme l’un des volets de cette bataille idéologique, il y a une différence entre le féminisme disons « canal historique » et ce qui est nommé « néo-féminisme ». D’ailleurs les deux s’affrontent souvent par tribunes interposées dans les médias. Dans le livre, je montre que la différence n’est pas aussi absolue. Cependant, distinguer les deux a quand même un intérêt si on veut comprendre ce qui se joue. Quant à « post », c’est, je crois, plus simple : la pensée dite postmoderne a entrepris de « déconstruire » celle de la modernité (celle des Lumières, pour faire simple). Elle vient donc après la modernité (qui n’est pas ici synonyme de contemporain, mais se réfère à une ère).